Le jardin éphémère est le plus beau jardin de Metz ! Touristes, amoureux, promeneurs, enfants y convergent pour profiter de cette oasis de nature au pied de l’opéra théâtre et du temple neuf, avec la cathédrale comme décor d’arrière-plan. A Nancy, les autres Lorrains se disent sans doute la même chose : leur jardin éphémère est l’un des plus beaux parmi les jardins déjà réputés dans la Ville, et les amateurs ou professionnels de la photographie s’y pressent pour immortaliser ces merveilles de la nature, de l’art humain du jardinage et de l’éphémère. Revenue de mes voyages dans ces deux jardins éphémères dédiés au… voyage, justement, je vous ai rapporté quelques photos et impressions !
Sous le jardin, les pavés …
Les jardins éphémères sont une tradition ancienne dans nos deux capitales lorraines !
Depuis 2015, le jardin éphémère de Metz a élu domicile sur la Place de la Comédie, après avoir été longtemps situé devant la gare. En l’espace de trois semaines en juin, la Place de la Comédie est transfigurée par le travail remarquable des services Espaces Verts de la Ville : d’une vaste place minérale écrasée de soleil, elle devient une oasis urbaine de 1500 mètres carrés, luxuriante, ombragée, intimiste, surprenante qui s’épanouit au pied de la façade de l’opéra théâtre jusque fin octobre.
A Nancy, le bon roi Stanislas accueille le jardin éphémère à ses pieds depuis 2005. On dirait que son voisin immédiat le Parc de la Pépinière – déjà gigantesque – plantait son annexe sur cette somptueuse place blanche !


Chaque année, leur thème se renouvelle, et leurs auteurs et réalisateurs se surpassent, ainsi la surprise et l’émerveillement sont toujours au rendez-vous ! Les habitants et les touristes de Metz comme de Nancy ne manquent donc leur visite sous aucun prétexte !
A Metz, le choix du thème de l’année 2018 évoque un autre événement important pour la Ville cette année : le 150eme anniversaire du jardin botanique. A Nancy, c’est le Japon qui est à l’honneur, pour rendre hommage au trentième anniversaire du jumelage entre les Villes de Nancy et Kawazana, et en écho à l’année Japonismes, qui célèbre les relations culturelles franco-japonaises.
A Metz comme à Nancy, j’ai retrouvé le même souci de dépayser le visiteur, et la même réussite à le faire ! Les deux cherchent à insérer des oeuvres d’art dans le jardin et y ajoutent un univers sonore, et le même appel aux menuisiers locaux et au bois des Vosges. Les deux jardins réussissent la prouesse d’offrir plusieurs espaces dans le même espace, dotés chacun de leur esthétique et leur atmosphère particulière. Les deux prennent pour cadre une place royale. Les deux tiennent leur promesse du dépaysement, leur thème commun. Les deux nous emmènent à l’autre bout du monde : au Japon pour Nancy, sur les autres continents pour Metz. Les deux sont un appel aux sens, même s’ils ne stimulent pas les mêmes !

Les plantes en voyage à Metz
Lorsque j’ai visité mon premier jardin éphémère en 2015, j’étais une touriste, venue passer un week-end de repérage à Metz avant de me décider à y emménager. Je l’avais traversé en appréciant cette île de verdure au milieu des grands monuments messins : la Cathédrale Saint Etienne, le Temple neuf et l’Opéra théâtre.
Les photographes s’amusent ici ! Ils jouent avec les formes : le haut jet vigoureux ou les gouttelettes d’eau de la fontaine centrale ou les diverses formes découpées des végétaux contrastent avec les vastes formes franches des édifices historiques ; ils jouent avec les couleurs : celles des feuillages qui évoluent de juin à octobre, celles du ciel qui rendent le jardin ; ils jouent avec la profondeur car un véritable paysage nouveau se forme, jouant sur les hauteurs et les textures des végétaux, et sur l’ouverture ou la dissimulation d’espaces.
Les parents habitant le centre-ville de Metz, dont je fais partie, apprécient de trouver tout près de l’école un merveilleux endroit où emmener les enfants goûter et faire leurs dernières parties de course et de cache cache de la journée, tandis qu’ils profitent de la terrasse du bar du théâtre avec les autres parents !



C’est ainsi qu’après la classe, le premier jour d’octobre, ma fille et moi sommes parties vers pour un voyage extraordinaire en plein Metz. Notre destination : le jardin éphémère de la Place de la Comédie ! A peine a-t-elle posé un pied dans le jardin que ma sage écolière s’est transformée en une exploratrice bavarde et passionnée ! Elle a voulu m’entrainer dans le moindre sentier de paillis, de cailloux ou de coquilles de noix, sans en négliger aucun ! Elle s’est frayée un chemin parmi les palmes deux fois plus grandes qu’elle, comme une aventurière dans les îles tropicales ! Elle a aussi apprécié les fauteuils disséminés dans les recoins du jardin, pour profiter de quelques escales !
L’aménagement du jardin raconte veritablement une histoire, celle du voyage des plantes à travers la planète. L’histoire commence ici :

L’arbre est abattu, puis son tronc est taillé de manière à obtenir des planches lisses. De ce travail immémorial de menuiserie a émergé un bateau. Celui-ci laisse apparaitre sa voile au-dessus de la marée verte de feuillages et de l’écume de fleurs ! Le bateau, entouré de nombreux coffres, représente les voyages des Européens pour découvrir leurs différentes végétations, à travers les siècles et les continents : croisades, grandes routes commerciales dont la route de la soie, expéditions coloniales. De chaque voyage ils ont rapporté des plantes fantastiques, ornementales ou nourricières : rhubarbe géante du Brésil, papayer du Mexique, poivrier d’Inde, café d’Afrique, … Le dépaysement est total dans les allées sinueuses, aux détours desquelles se dévoilent des plantes connues ou inconnues. La densité de végétaux, réparties sur plusieurs étages, donnent l’impression de traverser une jungle.
Le jardin de Metz stimule davantage les yeux et le toucher, lorsqu’il faut se frayer un chemin parmi les feuillages qui nous frôlent jusqu’à la tête ! Le goût aussi est stimulé à travers l’évocation des plantes exotiques que nous mangeons au quotidien : café, poivre, et autres épices, fruits…


Ce jardin éphémère est comme un jardin d’acclimatation et un jardin botanique : à partir de la Renaissance, les jardins d’acclimatation ont été créés à proximité des ports pour accueillir les plantes et leur offrir les conditions d’adaptation à nos latitudes tempérées (succès pour le marronnier, le fraisier ou encore l’acacia !), et les jardins botaniques pour l’observation scientifique, l’exploitation médicale et l’agrément des promeneurs. Le voisinage des plantes rend encore plus frappante la diversité de leurs formes, leurs textures et leurs couleurs ! Toutes ont l’air de bien s’entendre et de s’épanouir au contact les unes des autres. D’ailleurs, le jardin éphémère de Metz n’est jamais aussi beau que dans ses dernières semaines en octobre, lorsque les plantes sont foisonnantes après un été de lumière, et lorsque l’automne y amène ses couleurs et ses pluies désaltérantes !



Ce jardin s’impose donc comme un lieu de vie à Metz, et la route à travers ses chemins luxuriants devient un véritable voyage intérieur !
Nancy « japonise » !
Nancy est un véritable jardin sensoriel, qui stimule autant les yeux que les oreilles et le nez. L’air embaume, et une bande son flotte dans l’air… à quelques jours du festival Nancy Jazz Pulsation ! Des milliers de plantes en pot ont été alignés les uns à côté des autres et les feuillages forment des tapis de couleurs immaculées. La technologie est discrète mais omniprésente, dans l’univers sonore teinté d’électro et à travers le farmbot, le robot jardinier fabriqué par le FabCity de Nancy http://fabcity-nancy.fr/penser-par-le-faire-prototype-de-farmbot-theme-agriculture-urbaine/.
15 oeuvres d’art de bois ou de métal ont été installées à travers le jardin et trouvent un cadre enchanteur parmi les milliers de fleurs aux formes et aux couleurs vives. Après la bulle de verre à Noël dernier, voici ce bon duc de Lorraine parqué dans un cadre de bambous !


Le jardin éphémère de Nancy est plus ordonné, plus maîtrisé, et presque plus froid que celui de Metz. Choix du thème oblige ! Les jardins japonais se caractérisent par le minimalisme et le symbolisme : un rocher représente une montagne, une pierre plate représente une île. L’eau, et les plantes d’eau comme le lotus et les nénuphars, y sont très présents. Dans le jardin Japonica, on retrouve ces éléments parmi les différentes installations. La forme du jardin est celle d’une fleur de prunier, l’emblème de la ville japonaise de Kanazawa. Il y a le jardin sec, avec ses graviers méticuleusement ratissés et ses roches. Ma pièce préférée dans ce jardin, le grand lotus en bois ou « Lotus renversant » de Thomas Retière, recouvre un superbe tapis floral à motif, vert d’eau et rose. Et dans les bassins d’eau claire emplis de nénuphars et de carpes koï, qu’est-ce qui peut bien pousser tous les gens à jeter des pièces dans les bassins et les fontaines, quelle que soit la Ville où ils se trouvent ?



Deux villes, deux jardins, deux arts de la découverte
A Metz, il faut enfiler ses bottes d’explorateur et risquer de se perdre à travers les petits chemins sinueux comme dans ceux d’une jungle. A Nancy on peut garder ses chaussures de ville et contempler les différents îlots d’art et de verdure, comme on déambulerait d’une salle à l’autre d’un musée. L’architecture du jardin est symétrique, les espaces bien délimités par des allées des pavés de la Place Stanislas. Les façades magnifiques de cette Place classée au patrimoine mondial de l’UNESCO restent omniprésentes, et empêchent d’être totalement dépaysé.
On se sent explorateur à Metz, touriste en musée à ciel ouvert à Nancy. Mais à Nancy encore plus qu’à Metz, les photographes professionnels ou photographes du dimanche s’amusent !


Et vous, entre l’admiration du jardin beau, méticuleux et raffiné de Nancy, et le voyage intérieur dans la jungle foisonnante de Metz, qu’avez-vous préféré ?