Trois ballets et six huîtres fraîches à l’Arsenal de Metz

Danseurs d'In the Upper room saluant la salle de l'Arsenal, Metz
Oh joie ! les ballets des grands chorégraphes Cunningham, Forsythe et Tharp sont au programme de cette saison 2016 – 2017 de notre grande salle de concerts et spectacles de Metz, l’Arsenal. Je ne pouvais pas manquer cela ! Après deux heures d’émerveillement, une soudaine envie d’huîtres de mon mari nous a conduits à la Brasserie l’Eden, à quelques pas seulement de l’Arsenal. Puis nous sommes rentrés à pied à travers les belles places de Metz envahies des lumières et des chalets des Marchés de Noël à la veille de leur ouverture. Vous me suivez ?

C’est à Paris, pendant mes années étudiantes, que j’ai découvert ces trois grands chorégraphes modernes : Merce Cunningham, William Forsythe et Twyla Tharp. Lorsque j’ai lu qu’ils allaient être joués à L’Arsenal à la mi-novembre, je me suis précipitée pour prendre deux places à la dernière minute à 30 euros. Et oui, à Metz c’est possible !
Au théâtre du Châtelet, les ballets étaient interprétés par des compagnies américaines : le New York City Ballet, l’American Ballet Theater ou le San Francisco Ballet. C’est donc en Lorraine que j’aurais vu ces pièces dansées par une troupe française : le Ballet de Lorraine (labellisé Centre chorégraphique national depuis 1999). Ce Ballet met en scène de grands chorégraphes contemporains et conçoit des ballets nouveaux, qu’il joue ailleurs qu’en Lorraine, jusqu’à Londres par exemple !
L'Arsenal, Metz
L’Arsenal, Metz

A la découverte d’un lieu exceptionnel à Metz : la salle de concerts et de ballets L’Arsenal

Des boulets de canon aux ballets canons, le bâtiment l’Arsenal a connu plusieurs vies. Sur la volonté de Napoléon III, il a été construit au XIXème siècle pour entreposer les armes et les munitions utiles à la défense de la Lorraine contre d’éventuels assauts de la Prusse voisine. Il gardera sa fonction d’entrepôt d’armes jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale. Après des décennies passées en déshérence, la Mairie de Metz le récupère auprès de l’Etat et décide dans les années 1980 d’en faire une grande salle de concert. L’architecte espagnol  Ricardo Bofill a été chargé de réhabiliter le bâtiment et y introduire une grande salle de concert. Elle a été inaugurée en 1989, et accueille depuis les grands musiciens du Conservatoire, de l’Orchestre national de Lorraine, et du monde entier. L’Arsenal produit ses propres concerts ou accueille des tournées d’autres artistes : ainsi, Christophe ou Benjamin Biolay pour cette saison 2016-2017. Les musiciens apprécient cette salle qui a l’une des meilleures acoustiques au monde. On joue aussi des ballets à l’Arsenal, et en particulier ceux du Ballet de Lorraine (dont le siège est à Nancy). Enfin, sa taille lui permet d’accueillir de grands événements comme le Conseil des Ministres franco-allemands au printemps dernier, ou la soirée d’hommage à Jean-Marie Pelt de l’Institut d’écologie européen en octobre dernier.

Grande salle de l'Arsenal lors de la soirée dédiée à Jean-Marie Pelt, octobre 2016
Grande salle de l’Arsenal lors de la soirée dédiée à Jean-Marie Pelt, octobre 2016
Grande salle de concert de l'Arsenal, Metz
Grande salle de concert de l’Arsenal, Metz

Trois ballets de grands chorégraphes américains

Pour son spectacle à l’Arsenal le vendredi 18 novembre 2016, le Ballet de Lorraine avait extrait trois pièces de leur large répertoire : Duo de William Forsythe, Sounddance de Merce Cunningham et In the upper room de Twyla Tharp, dont la musique a été inventée par le grand Philip Glass. Trois univers visuels et sonores différents mais tous très forts : le noir et blanc dans la première Duo, le jaune moutarde de la deuxième Sounddance, le rouge intense des tenues dans la troisième In the upper room.

Duo

Danseurs de Duo saluant la salle de l'Arsenal, Metz
Danseurs de Duo saluant la salle de l’Arsenal, Metz
Duo est une chorégraphie de William Forsythe, créée en Allemagne en 1996 avec deux danseuses. A partir de 2015 , il s’est joué avec deux danseurs. Deux hommes dansent tout au bord de la scène dans une mise en scène très intimiste : le fond est noir, les sons hachés. La mélodie de Thom Willems (longtemps complice de William Forsythe) est composée de quelques notes de piano et du souffle des danseurs. J’ai été subjuguée par les bras incroyables du danseur Matthieu Chayrigues lorsqu’ils tournent en mêlant grâce et vitesse.
Vous pouvez voir ou revoir cette chorégraphie sur le site numeridanse.

Sounddance

Danseurs de Sounddance saluant la salle de l'Arsenal, Metz
Danseurs de Sounddance saluant la salle de l’Arsenal, Metz
Sounddance est une pièce créée par le célèbre chorégraphe américain Merce Cunningham en 1973. Celui-ci venait de passer plus de deux mois à l’Opéra de Paris et a eu besoin de rompre avec l’uniformité et l’unisson des ballets classiques. Il a donc imaginé la chorégraphie de Sounddance. J’ai été saisie par la scénographie. Une magnifique draperie d’un jaune moutarde profond, créée spécifiquement par Mark Lancaster, ferme le fond de la scène. Sa couleur est celle de la chemise des danseurs, qui la transpercent à toute allure tantôt pour entrer, tantôt pour quitter la scène à toute allure. Si mon oeil se régalait, mon oreille a eu du mal à se faire à la musique. La bande son de David Tudor donne l’impression d’être à la fois dans une volière et dans une machine, car c’est une juxtaposition continue de pépiements d’oiseaux et de bruits de machines qui aspirent, tournent, soufflent, impriment… Merce Cunningham a conçu la chorégraphie comme un « chaos organisé ». Les danseurs sont rarement à l’unisson, la plupart du temps ils dansent en petits groupes, qui ont chacun leur propre chorégraphie. J’ai trouvé ce moment à la fois déroutant et harmonieux. Je vous conseille d’aller voir les photos et l’extrait sur le site du Ballet de Lorraine pour vous faire votre propre avis.

In the upper room

Danseurs d'In the Upper room saluant la salle de l'Arsenal, Metz
Danseurs d’In the Upper room saluant la salle de l’Arsenal, Metz
Enfin, In the upper room propose 40 minutes captivantes à écouter la musique hypnotique de Philip Glass. 40 minutes à contempler le rouge profond des tenues des danseurs qui se révèlent peu à peu sous leurs costumes rayés initiaux. 40 minutes à apprécier chacune des neuf séquences de danse menant les danseurs à quitter progressivement leurs habits de prisonniers et libérer pleinement leurs mouvements. 40 minutes de jubilation devant les trios bondissants des danseurs, l’enchaînement de portés d’une des danseuses avec quatre hommes du groupe, les triples portés simultanés de danseuses qui se tiennent par les bras, ou encore devant le pas de course à reculons spécifique à cette pièce. Des duos, des trios ou des quatuors surgissent de l’écran de fumée situé au fond de la scène, tournoient, sautent, courent, se portent et s’emportent avant de disparaître en courant vers les côtés en coulisse, laissant la place pour que d’autres danseurs apparaissent.
Ce ballet a été monté en 1986 par la chorégraphe Twyla Tharp pour sa propre compagnie sur une musique de Philip Glass composée pour cette occasion. Marque de fabrique de cette chorégraphe mondialement connue et reconnue : la danse est moderne mais reprend des éléments forts de la danse classique : les pointes ou encore les portés, et parfois même des pas de danse de salon.

Dîner à l’Eden

Voilà quelques temps que mon mari désirait découvrir la brasserie L’Eden pour y déguster des fruits de mer. Cela tombe bien, cette brasserie se situe à cinquante mètres de L’Arsenal, au début de l’Avenue Robert Schumann. La brasserie a ouvert en 2015 dans un ancien cinéma, appelé aussi L’Eden. Elle en a gardé les fauteuils et les rideaux rouges, l’atmosphère feutrée et la décoration cosy.
Brasserie L'Eden, Metz
Brasserie L’Eden, Metz
La salle, immense, était très désertée pour un vendredi soir. Mais cela nous a permis de profiter d’un dîner à la fois rapide et intimiste.  So chic : à l’Eden on s’est rincé les doigts non dans une vulgaire lingette, mais dans un bol d’eau chaude aromatisée avec une rondelle de citron. Le personnel était aux petits soins pour nous, attentionné, discret et de bon conseil pour le vin.
 Il n’était pas question de prendre un plateau car nous manquions de temps et que je ne suis pas une fanatique des fruits de mer et des crustacés. Mais tout le reste de la carte était bien tentant ! J’ai beaucoup hésité pour faire mon choix, entre la soupe de poisson et des filets de sardine du Menu Brasserie, et un dîner composé de deux entrées aux huîtres et homards.
Nous avons partagé une douzaine d’huitres fines de claire, accompagnées de pain de seigle, de beurre, de vinaigre à l’échalote, de citron et de mayonnaise (!?!). Puis mon mari a attiré mon attention sur une entrée de la carte : la salade de homard sur son lit de haricots frais et julienne de mangue. Un régal ! Le tout a été accompagné d’un bon Sancerre conseillé par la serveuse. Si j’étais assez méfiante à l’arrivée à l’idée de manger des fruits de mer dans la région française la plus orientale, j’ai été totalement convaincue par la fraîcheur et la qualité des produits. Je serais volontiers restée plus longtemps pour essayer un dessert – en particulier le gâteau au chocolat Valrhona. Je me promets donc de revenir, pour découvrir enfin ces filets de sardine !
Plateau d'huîtres servies à la Brasserie L'Eden, Metz
Plateau d’huîtres servies à la Brasserie L’Eden, Metz
salade de homard servie à la Brasserie L'Eden, Metz
salade de homard servie à la Brasserie L’Eden, Metz
Au retour, nous avons marché rapidement dans les rues, pris entre la hâte de rentrer se réchauffer et l’envie d’admirer Metz la nuit. Nous avons traversé la Place de la République, la Place Saint-Jacques et la Place d’Armes, déjà toutes apprêtées pour la longue période des Marchés de Noël. La Place d’Armes a bien changé d’aspect depuis le montage de l’impressionnante grande roue et le dressage des chalets du Marché de Noël à ses pieds. Mais le Maréchal Fabert, lui, demeure imperturbable…
Statue du Maréchal Fabert devant la grande roue de la Place d'armes à Metz
Statue du Maréchal Fabert devant la grande roue de la Place d’armes à Metz
La grande roue devant la cathédrale Saint-Etienne à Metz
La grande roue devant la cathédrale Saint-Etienne à Metz
Sans doute que pour nos prochaines sorties à Metz, nous resterons à l’extérieur tant il y aura de choses à voir et à faire sur tous les Marchés de Noël, de la gare à la colline Sainte-Croix !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.