Poursuivons notre voyage dans la Metz en 2030, telle que je la rêve et l’espère. Que souhaite-t-on le plus souvent aux gens pour l’avenir, par exemple aux vœux pour la nouvelle année ? Avant même le bonheur, on souhaite la santé, pour soi-même et pour les autres, car elle apparaît la clé d’entrée vers le bonheur et l’épanouissement dans tous les domaines de la vie : l’amour, la famille, le travail, la reconnaissance sociale… Mais si je choisis d’habiter encore en ville en 2030, celle-ci prendra-t-elle soin de ma santé ? Si oui, voici les conditions que j’imagine…
En 2030, j’aurai 47 ans et j’aurai à peine dépassé la moitié de mon espérance de vie probable. Il ne sera pas si évident de rester en bonne santé à cet âge ! Moi et les gens de ma génération paieront les effets des pollutions accumulées dans notre corps et notre environnement depuis l’enfance ; problèmes d’hyper-allergies et de thyroïdes – y compris chez les hommes, alors que ces cas étaient bien plus rares il y a 20 ans encore, quand ce ne sont pas des cancers qui se déclarent… Ils toucheront 20% de la génération X européenne (chiffres rêvés mais non vérifiés, c’est pour les besoins du scenario…), car c’est celle qui s’est longtemps nourrie de produits agricoles aux pesticides et de plats industriels aux additifs et sucres louches !
Mais je fais le pari que oui, je réussirai à préserver ma santé même en restant citadine. Je serai restée vivre en centre-ville car je ne pourrai jamais me passer ni des restaurants et de la boulangerie à cinq minutes à pied de chez moi, mais j’aurai la chance de profiter de l’eau et de la nature en pleine ville ! Pour relever ce pari, mon hypothèse est forte :
que la vie en ville soit bonne pour ma santé et ma sécurité, et qu’elle soit adaptée aux prochaines menaces climatiques qui pèseront sur celles-ci : la pollution, les risques d’accidents liés aux catastrophes climatiques.
Centenaire à Metz ?
Lorsque nous sommes tombés amoureux, mon homme a déclaré qu’il voulait que nous vivions centenaires pour passer le plus de temps possible ensemble. Alors à Metz, j’ai l’impression de mettre toutes les chances de mon côté pour que son rêve devienne réalité ! En effet, je trouve qu’ en 2030 on y mange extraordinairement bien et sainement.
L’agriculture biologique est devenue quasiment la norme puisqu’elle couvre 80% des surfaces agricoles de la Métropole.
La petite taille de notre Métropole fait qu’on peut s’approvisionner facilement auprès de bons producteurs locaux, y compris les vignerons de Moselle qui ont bien relancé leur filière après un siècle d’arrêt de la production viticole ! En stoppant l’étalement urbain au profit de la re-densification des quartiers et des bourgs, on a pu ménager de grands espaces verts, agricoles et nourriciers, qui limitent l’impact des canicules, alimentent les Messins, garantissent la qualité de l’air, et offrent des lieux d’éclate aux amoureux de grand air et de nature.
En stoppant l’étalement urbain au profit de la re-densification des quartiers et des bourgs, on a pu ménager de grands espaces verts, agricoles et nourriciers.
Agriculteurs et artistes dans les jardins
Fidèle à son identité de berceau de l’écologie urbaine et à l’héritage de Jean-Marie Pelt (mais sans plus être pionnière ni unique au monde dans le domaine), Metz aura préservé et même développé ses espaces de nature indispensable à notre santé. En effet, dans ces espaces, on pourra à la fois marcher, pédaler et faire du sport, cultiver des aliments bio, et même proposer des plantes médicinales en accès libre.
Et oui, Metz est ainsi faite que de toutes les fenêtres de la Ville, on peut voir de la verdure et écouter le chant des oiseaux ! Toutes les fenêtres elles-mêmes sont vertes ou fleuries depuis un appel à projets « Cultivons notre ville », qui incitait les habitants à fleurir leurs balcons et à verdir leurs pieds d’immeuble.
Metz a repris avec succès l’initiative parisienne Parisculteurs et les permis de végétaliser dans les rues.
Moi-même, je m’étais battue il y a quelques années avec les habitants de mon quartier pour verdir le quartier du Pontiffroy, et notamment l’esplanade du Jardin des Thermes.
A l’origine, il n’y avait qu’une fontaine et quelques plantes au bout du Pont Saint Georges, aux abord d’une grande étendue de pierre blanche frappée de lumière aveuglante. On y a posé des arbres en pot, planté des buissons, placé des bacs de plantes purificatrices d’air, afin d’apporter plus d’ombre et de fraîcheur. Le financement a été fait par le tout premier budget éco-participatif dédié aux initiatives de développement durable en 2019. Cela aurait dû se faire aussi sur le Parvis des droits de l’homme, mais hélas il a été rendu aux voitures pour combler les besoins en stationnement de ce quartier de tourisme et d’affaires.
En tout cas, de nombreuses places de Metz accueillent désormais un jardin éphémère l’été. Lorsque je suis arrivée à Metz, il n’y en avait qu’un sur la Place de la Comédie, qui servait surtout d’agrément pour les touristes et les habitants du centre-ville. Il s’est avéré que cela fait une oasis de nature et de dépaysement pour ceux qui ne partent pas en vacances, et un pourvoyeur d’ombre et de fraicheur.
C’est pourquoi les jardins éphémères se sont généralisés dans tous les quartiers de la Ville, et fournissent un véritable parcours de balade grandeur nature.
Même le street art aide à lutter contre la chaleur et verdir la ville à travers les œuvres de street art végétal – ou green street art – mouvement popularisé à Metz au début des années 2020 avec l’intervention de l’artiste Marc Pouyet dans le cadre des Parcours Jardins et Street Art de Constellations.
Avec cet art écolo et grand public, Metz a réussi à se démarquer des autres villes street art en Europe, et renouer avec son titre de capitale de l’écologie urbaine.
Agriculteurs, promeneurs, artistes croisent aussi les sportifs dans les jardins ! Les aires de sport en plein air comprenant machines de fitness et terrains multisports se sont multipliées. Il y en a dans au moins un jardin public par quartier, à côté de fontaines d’eau en accès libre et de kiosque où l’on peut louer des ballons et raquettes. On y trouve aussi même des jeux de société à louer, sur le modèle de l’R de jeux née Place de la République à Paris dans les années 2000.

Chaque quartier possède son aire de santé et bien-être avec des machines de fitness, des terrains de jeux multisport, des zones de silence aménagées au pied des arbres pour les activités relaxantes, mais aussi des kiosques à jeux de société.
Metz par 40 degrés pendant 6 semaines, vous y croyez ?
En 2019, pouvions-nous imaginer vivre par 40 degrés durant 6 semaines de suite ? Non !!! Il a fallu que le réchauffement climatique, la sécurité et la santé environnement s’imposent comme des préoccupations de tous les choix d’aménagement, que leurs objectifs inscrits dans les plans locaux d’urbanisme et dans tous les projets d’infrastructures et d’habitat, et qu’ils deviennent des sujets de coopération entre tous les acteurs en responsabilité sur le territoire. Tout a été adapté pour que chaque habitant de la Métropole reste en sécurité, même face aux tempêtes, inondations et sécheresses. De grands travaux ont été entrepris pour assurer la sécurité des réseaux, des habitations, des voiries.
A l’aube des années 2020, après l’effondrement des logements à Marseille et l’explosion au gaz de la boulangerie de Trévise à Paris, Metz Métropole aura renforcé sa politique de gestion des risques sanitaires et environnementaux pour affronter sa vulnérabilité aux aléas climatiques (comme c’était prévu dans les plans climat énergie territoire depuis la loi Grenelle 2 en 2011) et elle a poussé et aidé les acteurs du territoire à faire de même en informant et en finançant diagnostics et mesures d’adaptation.
Après la décennie des diagnostics et de la sensibilisation, dans les années 2020, les investissements ont grossi et les travaux se sont accélérés chez tous les propriétaires publics et privés (aussi bien propriétaires particuliers que les entreprises, avec le conseil de l’Agence locale de l’énergie et du climat). Ils ont notamment modernisé leurs réseaux avec la pose de capteurs intelligents, permettant de visualiser en temps réel l’état et les défaillances de tous les réseaux, et prévenir les pannes, fuites ou accidents.
D’autres familles de travaux ont permis de lutter contre les îlots de chaleur en redéployant la nature pour rafraichir les espaces publics, et en encourageant les constructions et rénovations bioclimatiques pour rafraichir les bâtiments. On a alors vu des toitures et des façades se végétaliser, en particulier sur les vastes surfaces de façades des immeubles bâtis dans les années 70. Le gris, le bleu sombre et le noir sont des couleurs désormais bannies des constructions. De nouveaux revêtements de voirie sont apparus, avec des teintes plus claires, et c’est ainsi que les rues Serpenoise et Clercs ont perdu leur revêtement rouge si décrié à la fin des années 2010 !
En 2030, à part la Pierre de Jaumont qui a gardé sa teinte si spécifique, la Ville a changé de couleurs pour s’adapter au réchauffement climatique et à l’impératif d’isolation des bâtiments ! Le gris a laissé la place au blanc qui rejette la chaleur, et au vert des plantes qui réduisent la chaleur et absorbent la pollution.
L’eau c’est la vie !
Quant à l’eau, elle est indispensable, notamment lorsque les canicules arrivent dès mi-mai. Le simple bruit de l’eau a un effet rafraichissant ! Se rafraichir : voilà ce qui m’obsède de mai jusqu’à la mi-octobre à peu près, car comme annoncé les étés sont devenus beaucoup plus chauds et les pics de chaleur beaucoup plus longs !
Les fontaines sont devenues potables grâce à la technologie de filtration créée par une startup messine, les bars proposent des fontaines à eau gratuites et en accès libre aux passants en échange de l’autorisation d’avoir une terrasse plus étendue, ou d’ouvrir plus tard le soir. De nouvelles fontaines ont été installées au pied des grands immeubles, notamment à Bellecroix, Borny, Woippy ou encore La Patrotte, car il était vital que les gens qui y habitent puissent se rafraichir sans aller attaquer aux bornes à incendie des pompiers ! Cette idée a été soufflée au budget participatif de 2020, et pour moi elle est le symbole d’un urbanisme de bon sens et de solidarité pour les populations très vulnérables.
Les fontaines d’eau potables se sont multipliées dans la Ville, car à Metz l’eau est reconnue et gérée comme un bien commun.
En dépit des mesures prises par la Ville pour verdir l’espace public et lutter contre les îlots de chaleur, le week-end nous préférons aller nous rafraichir dans la forêt et la campagne environnant Metz car nous savons que notre santé mentale dépend aussi de nos liens avec les grands espaces et la forêt. Comment y allons-nous ? En voiture, en transports en commun, … ? J’imaginerai cela dans un prochain article !
Et vous ? Metz en 2030, vous l’imaginez comment ? Comment consommerez-vous ? N’hésitez pas à laisser vos idées ou vos scenarii en commentaire !