L’automne à Metz se passera au cinéma ! Le nouveau cinéma d’art et d’essai en centre-ville, le KLUB, accueille un grand événement cinéma inédit à Metz : le festival international du film Ma Planet(e), pendant lequel 30 films seront projetés en l’espace de trois jours. L’association environnementale messine Institut européen d’écologie s’est alliée à l’Association Ecrans des mondes pour lancer ce festival dédié à la transition écologique et aux relations entre les sociétés humaines et la nature. En août, j’ai collaboré à celui-ci avec honneur, plaisir et passion en tant que membre du Comité de sélection. Aujourd’hui, j’ai le plaisir de partager ici les coulisses de la sélection, dévoiler mes coups de coeur en avant-première et témoigner de l’intérêt profond des films choisis, qui auront transformé ma vision de la nature et des humains de cette planète, et donné encore plus envie d’agir !
Visionner des films sur la planète : une expérience intense et un beau voyage
Marie-Anne Isler-Beguin, présidente de l’Institut européen d’écologie et fondatrice et co-présidente de ce Festival, m’a proposé au début de l’été de rejoindre le Comité de sélection. M’a t elle annoncé d’emblée que j’aurais potentiellement 78 films à regarder ? Je ne sais plus, mais l’engagement résultant de mon acceptation a été de consacrer mes soirées de vacances à visionner des films, alors que jusqu’ici je ne m’étais jamais lancée dans une expérience de binge watching, y compris pour mes séries préférées !
Je n’ai pas regretté cette expérience, qui m’a offert un véritable tour du monde et des découvertes mémorables en un été, alors même que j’étais sur mon lit ! Je suis allée à Bornéo, à Sao Paulo, en Chine, à Madagascar, sur les îles Kiribati et en Antarctique, aux Açores et en Finlande, en Roumanie et au Sénégal, dans les Vosges et le Finistère. J’ai rencontré des dizaines de personnes réelles ou personnages de fiction : pêcheurs, ouvriers, chercheurs, forestiers, cinéastes, écoliers, militaires, entrepreneurs, jeunes mères, malades, …
J’ai vu des films de voyage, des documentaires animaliers, des films pédagogiques mais amusants, des expériences esthétiques et artistiques. Pour regarder et choisir les films, j’ai pris un triple point de vue : celui d’une spectatrice de cinéma qui doit passer un bon moment de divertissement, celui d’une citoyenne du monde, et celui de la professionnelle du développement durable, de la formation et de la communication que je suis depuis dix ans.
Comment les films du festival Ma Planète ont-ils été sélectionnés ?
Sur les 78 films, j’avais à en retenir une vingtaine de favoris avant le Comité de sélection, prévu fin août. J’ai donc désigné parmi mes films préférés ceux qui m’ont apporté des connaissances nouvelles sur une région du monde ou un problème d’environnement, mais aussi ceux qui présentaient une histoire romanesque et / ou symbolique, ou encore ceux qui adoptaient un point de vue que je n’avais jamais adopté jusqu’ici. J’ai été sensible à la beauté des images, ou à celles qui me révélaient des choses.
Au retour de vacances, j’ai rencontré les autres membres du Comité de sélection lors de la journée de réunion consacrée au choix des films à présenter au public. Notre groupe de couteaux suisses, passionnés par le cinéma et le devenir de la planète, a débattu pendant six heures pour déterminer une sélection de courts, moyens et longs métrages. Nous vous avons préparé une sélection aux petits oignons autour de plusieurs thèmes qui sont au coeur de nos actualités, de l’échelle locale à l’échelle mondiale : la préservation de la faune et la flore, l’urbanisme galopant, l’énergie, les migrations de population, le vivre ensemble.
Nous avons voulu prendre des films qui ne démoralisent pas le spectateur, mais qui lui donnent des émotions positives à la sortie de la salle : « J’ai appris quelque chose… », « J’ai découvert telle solution ! », « Je vais passer à l’action ! » parce que ces films inspirent, montrent des solutions, formalisent les problèmes le plus justement possible et facilitent leur résolution.

Notre Planète en 30 films de grand cinéma
Dans tous les belles histoires qui plaisent aux petits et aux grands, il faut du suspense, de l’amour, de l’action, du courage. Les films du festival Ma Planète que nous avons sélectionnés collectivement n’en manquent pas !
Dans cette sélection qui comporte plus de 30 films (9 courts métrages, 11 longs métrages et 12 films dans la session panorama), vous y verrez tout ce que vous aimez au cinéma :
- Des paysages à couper le souffle, qui vous donneront envie de voyager, d’aller vous émerveiller de ce que la nature peut encore nous offrir.
- Des gentils héros du quotidien auxquels s’identifier, des combats et des victoires : l’ado activiste, le chercheur, la journaliste, et des méchants très méchants, qui restent invisibles et sont rarement nommés dans les films, bien que leurs méfaits soient très bien illustrés. Des grandes entreprises, des petits propriétaires pauvres, des politiques corrompus, des habitants de pays sous-développés aux abois contribuent à la destruction des forêts, des sols, des fonds marins, des cours d’eau, des espèces de plantes et d’animaux, pour survivre ou croitre sans limite.
- Du suspense, notamment dans le film Bornéo Case : l’alliance interplanétaire de la journaliste, de l’autochtone activiste, du chercheur, démasquera-t-elle et vaincra-t-elle le monstre sans visage qui dévaste la forêt de Bornéo ?
- Du drame – et après tout, le drame est une catégorie de cinéma à part entière ! Certains films montrent des drames humains ou environnementaux, d’autres laissent les drames en arrière-plan pour se concentrer sur les activités qui tentent de les contenir, comme l’adolescente activité.
- De la révolte, devant les images de sols dévastés par déforestation, ou de personnes dévastées après leur expropriation.
- Du rire, dans les commentaires et le ton des journalistes du film Mal Hêtre, ou devant l’imagination des Extraordinaire People de Turquie.
- De l’émotion, des moments de grâce, comme lorsque Simon l’enfant finistérien va voir les dauphins aux Açores après avoir appris à connaître les animaux marins et à plonger dans le cadre d’un programme d’éducation environnemental spécial.
Parmi les courts et les moyens métrages qui font partie de la sélection, voici mes coups de coeur, que je vous recommande très chaudement d’aller voir !
Mes 11 films favoris parmi la sélection du festival Ma Planète
J’ai participé à la sélection des courts, moyens et longs métrages, mais pas à la session Panorama, aussi je vous parlerai seulement des catégories courts et longs métrages. A cette occasion, j’ai appris qu’on désigne un film comme court et moyen métrage lorsque sa durée est inférieure à 59 minutes, et long métrage pour les films durant une heure et plus.
Les courts métrages à ne pas manquer
Extraordinary People. Ce film turc a un début assez intrigant, mais la surprise et l’amusement arrivent assez vite lorsque les présentations commencent avec les habitants de cette vallée, qui ont développé leurs propres voitures en bois, leur téléphérique, et leur langage en sifflements. Je me suis laissée prendre par ce film bien plus fantasque qu’il n’en a l’air !
« I cannot give you my Forest » est le nom d’un chant indien traditionnel ,et du film qui est rythmé par ce chant. Il est interprété par les femmes d’un village qui vit encore des produits de sa forêt voisineCe chant traditionnel se transforme en élégie pour cette forêt nourricière menacée de disparition. Le tragique guette, lorsque villageois et éléphants se battent pour la nourriture maintenant que la forêt ne peut plus répondre à tous leurs besoins.
Mal-hêtre, enquête sur la forêt française. Ce documentaire français de 52 minutes vous amusera par sa forme et son ton décalé, mais vous apprendra plein de choses sur la gestion des forêts en France, et les arbres qui les occupent et l’impact de la gestion sur le bien-être des forêts, dont nous dépendons bien plus que nous ne le pensons… On y apprend aussi que les forêts vosgiennes sont de bonnes élèves en France pour leur gestion responsable !
Haidar, l’homme qui plante les arbres. Ce film français est le portrait d’un grand écologiste africain que vous connaissez peut-être déjà : Haidar. Son défi : replanter les mangroves et les forêts sénégalaises graine par graine, en mobilisant aussi bien les habitants que les politiques. Un homme à connaître, un film à voir absolument !
Kamchatka Bears, Life begins. Commençant par une très belle animation de dessin à l’aquarelle, ce film russe montre l’éducation d’oursons par leur mère et nous immerge dans la nature inviolée d’un parc protégé de Russie. Un beau moment de paix et de bienveillance au milieu des arbres à vivre dans les salles obscures !
Ce film français court et étrange, Dark Waves, est une véritable œuvre d’art qui entremêle témoignages et visuels artistiques ! A travers les yeux et le vécu de trois personnes intolérantes aux ondes électromagnétiques, il m’a fait prendre conscience de l’omniprésence de la technologie dans notre environnement, et à quel point la nature est désormais comme illusoire refuge face aux ondes.
Il était une fois Simon et le Grand Cachalot. Dans ce documentaire français, on partage quelques mois de la vie de Simon, 8 ans. Cet enfant breton est inscrit dans un programme d’éducation à la faune marine. Durant plusieurs mois, il apprend la plongée et la biologie marine, avant de se rendre aux Açores pour plonger avec les cachalots. On le suit dans ses apprentissages avec des adultes passionnés et bienveillants (c’est toujours ainsi que l’on devrait duquel les enfants !) et dans ses aventures en Bretagne et aux Açores. Un film à découvrir en famille, et qui risque de susciter des vocations parmi vos têtes blondes !
Les longs métrages à ne pas manquer
Alaotra, endangered treasures of Madagascar. Ce film allemand est dédié à un lac de Madagascar, Alaotra. Sa faune et sa flore s’appauvrissent parce que ses rives sont de plus en plus cultivées pour produire assez de riz afin de nourrir la population pauvre de ses rives. J’ai été enchantée par les images magnifiques du lac, décor d’un grand dilemme surprenant pour la survie des hommes ou des animaux. Je suis sortie de ce film surprise par ce dilemme, mais inspirée par l’action de l’Association qui oeuvre pour la préservation du lac.
The Bornéo Case. Ce film est une épopée à travers la planète, et nous emmène de Montéral à Londres et Rio, de Bâle au Sarawak, à la suite de plusieurs personnes qui poursuivent une ambition commune : enquêter, dénoncer, et stopper la destruction de la forêt de Bornéo. Elle a commencé il y a 20 ans sur fond de corruption politique nationale et d’impuissance des autochtones face à la toute puissance de l’argent et du droit perverti. Ce film m’a rendue optimiste parce qu’il montre que la mobilisation peut payer… même s’il faut savoir prendre son temps et se contenter de demi-victoires !
Anotes Ark, ou l’Arche d’Anote. J’ai aimé ce film pour ses émouvantes histoires parallèles, celles des habitants et du Président des Iles Kiritiba? Le patriarche Anote prend ici le visage du président des Iles Kiribati, qui parcourait la planète en 2015 pour alerter les grands décideurs mondiaux sur la lutte contre le réchauffement climatique et la disparition prochaine de ses îles, vouées à être englouties par la montée de l’Océan Pacifique. En parallèle, le film suit une famille de ses Iles en train d’émigrer vers la Nouvelle-Zélande et de changer son mode de vie du tout au tout.
Utopie Revisited. Comme The Bornéo Case, Utopie revisited nous emmène à travers plusieurs pays de la planète rencontrer des personnes qui veulent changer positivement le monde, que ce soient des producteurs agro-alimentaires ou des industriels qui adoptent des process compatibles avec l’environnement et la société. Ce film nous montre que dans la vie professionnelle aussi, on peut déployer conviction et intelligence pour prendre mieux soin de la planète ! J’y ai découvert des modèles.
Aller au cinéma… et après ? Quelques réflexions que m’ont inspiré les films du festival Ma Planète
En ce qui me concerne, les fondateurs du festival Ma Planète ont réussi leur pari : me faire passer de beaux moments de cinéma, et surtout susciter chez moi l’envie d’encore plus d’engagement.


On se retrouve très vite au Klub ? La planète nous attend !

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