Lorsque j’ai visité le quartier du Pontiffroy pendant mes recherches d’appartement en février dernier, j’ai tout de suite repéré les chemins piétons des bords de la Moselle pour y promener mes enfants et y courir. Cela a été décisif dans notre choix de logement. Puis les mois ont passé. J’ai gonflé, gonflé, bébé est arrivé, je me suis reposée. Or voilà quelques temps que mes jambes me démangeaient, que j’avais envie d’aller crever la boule de nerf qui gonflait en moi. Mais j’étais interdite de reprendre le sport trop tôt après mon accouchement. J’ai reçu le feu vert lundi pour reprendre la course, alors … 1,2,3 partons ! Pour ce premier jogging, direction le Circuit des Remparts entre le Pont Saint Georges et la Porte des Allemands, en contrebas de la Colline Sainte Croix.
Après avoir déposé mon fils à la crèche ce matin, je suis repassée à la maison enfiler mes baskets (que j’ai miraculeusement retrouvées après un déménagement et plus d’un an d’arrêt complet de leur utilisation !) et suis partie faire un petit jogging. Objectif : courir 10 minutes. Mes objectifs étaient peu élevés car j’ai une mauvaise respiration, des genoux sensibles, mais aussi une faible endurance et une basse motivation pour le running. Je devrais avoir cela dans les veines : ma mère est une passionnée de jogging, grande coureuse capable de courir 2h30 à soixante ans passés ! Mais non, l’asthme (la paresse) et les vilaines profs de sport de mon adolescence ont eu raison de tout cela.
La dernière fois que j’ai regardé mon téléphone, il était 9h20. J’ai pris la direction du Circuit des Remparts, sur les bords du canal de la Moselle. Il commence sous mes fenêtres. C’est un chemin idéal pour courir, dans la nature et sans voiture, à cinq minutes du centre-ville.

A l’aller
J’ai rejoint le Chemin des Corporations qui compose une partie de la Promenade des Remparts. Je l’ai remonté en direction de la Seille, en passant sous le Pont Saint Georges et le Pont des Grilles. A ma gauche, l’eau. Au dessus de moi : de majestueux arbres centenaires. A ma droite, l’ancienne muraille parcourue de tours. Je gère mon souffle : 2 inspirations, 4 expirations. Je m’abîme dans la contemplation du paysage pour oublier que je suis en train de faire quelque chose que je déteste : courir !
Je repense aux belles promenades que j’ai faites au printemps et en été avec ma fille sur ce chemin. J’avais le pas ralenti par ma grossesse et m’arrêtais fréquemment pour prendre des photos du paysage, et elle en profitait pour me semer avec son vélo pour s’enfoncer sous les hauts arbres. Je pense à ma mère, qui apprécierait sans doute autant que moi ce chemin pour courir.

Je longe le mur marqué de tours, hautes et régulières. Chacune d’elles porte le nom des métiers médiévaux, car les corporations d’artisans de la Ville avaient pour tâche d’entretenir l’une des soixante-dix tours qui entouraient la Ville, en y logeant les soldats et y entreposant des vivres. Les canons et les soldats ont cédé la place aux arbres et aux promeneurs, et les anciens Remparts de Metz offrent aujourd’hui une balade éblouissante : le « Circuit des Remparts ». Aujourd’hui, les tours centenaires, les meurtrières et le pont en bois sont nichés dans un paisible écrin de verdure, et nous semblent bucoliques. Difficile d’imaginer que ce lieu de promenade familial – quoique tout déserté en ce matin gris du dernier vendredi de novembre – ait été le théâtre de scènes de guet, de stress, d’affrontements. Pourtant, cela rend l’endroit fascinant. J’essaie de reconstituer mentalement l’ancienne enceinte qui entourait toute la Ville, et me représenter l’ambiance de siège lorsque l’ennemi se présentait sur les autres bords de la Moselle et de la Seille. J’aime être dans une Ville qui a autant d’Histoire, qui en gardé le plus de traces possibles, car c’est une Ville qui favorise l’imagination.


Et puis je repense à moi. Je cours bien. Je mesure toute la nervosité que j’ai accumulée cette semaine, et m’imagine que je foule du pied mes tracas couchés sur ce chemin. Je boxe même dans le vide pour me défouler totalement. Je n’aime pas courir, mais en avais tellement envie ces dernières semaines pour aller extérioriser la boule d’énergie qui gonflait en moi, et sur laquelle s’assoient mes enfants lorsque je le tiens dans mes bras. J’évacue tout cela et vais de l’avant, dans les tous les sens du terme !
Au retour
Je décide de faire demi-tour au niveau du Collège Metz Arsenal. J’évite d’écraser les magnifiques petites feuilles rouges qui sont tombées entre cette nuit et ce matin, et qui sont encore flamboyantes et souples. Je me dis que je viendrai en chercher avec ma fille pour partager d’autres activités DIY avec elle. Je repense avec fierté aux photophores d’automne que nous avons créés le week-end dernier. J’avais repéré le DIY sur la page Facebook de l’Astucerie. Je n’ai eu qu’à retrouver des pots en verre et de la ficelle dans ma cuisine, acheter du vernis colle au rayon papeterie d’Hisler Even, et ramasser des feuilles multicolores devant les chalets du Marché de Noël de la Place Saint-Jacques. J’adore les DIY avec les feuilles d’automne, cela me rappelle les activités d’école et les promenades en forêt pendant mon enfance.

Je regarde sur l’autre rive les façades des anciens entrepôts de bus et abattoirs devenus le tiers-lieux TRCM Blida. J’ai visité l’endroit en octobre dernier avec un guide désopilant : la Compagnie Deracinemoa. J’espère pouvoir bientôt rédiger et publier l’article sur ce blog !
Un peu plus loin sur la même rive, j’observe que les voitures occupent à nouveau l’espace sur le parking mitoyen au bâtiment jaune de Pôle Emploi. Au printemps et à l’été s’y dressaient les tentes des réfugiés. Puis le camp, qui regroupait jusqu’à 500 personnes, a été déplacé un peu plus loin sur l’Avenue de Blida avant d’être démantelé. Depuis, d’autres personnes sont arrivées et ont planté leurs tentes fragiles sous le Pont Gambetta (« Pont de Blida »), en plein carrefour de voies rapides. Elles y sont sans doute encore plus mal que sur ce site au bord de l’eau… Les berges de la Moselle ont été nettoyés et débarrassés des détritus, pourtant aucun promeneur ou joggeur ne s’y aventure encore.
Bonus
Comment vont mes jambes et mon souffle ? Toujours bien. Alors je décide de prolonger ma course sur l’autre rive du canal. Je n’ai plus de notion du temps, je ne sais pas depuis combien de temps je suis partie, mais je présume que j’ai dépassé mon objectif de dix minutes.
Mes jambes me portent bien et grimpent sans douleur sur le Pont Saint Georges. Je passe devant la boutique de sapins qui vient de s’installer en plein air au bout du pont, à l’angle avec le Quai Félix Maréchal. S’il est ouvert ce week-end, nous viendrons l’acheter ici, à cinq minutes à pied de chez nous : ouf pour la propreté de la voiture et ouf pour nos bras ! Je prévois aussi d’aller trouver des décorations au Marché de Noël de la Place Saint-Louis.

Je m’amuse des jouets fluorescents qui sont allumés sur du Petit Saulcy, et en particulier le nounous orange affalé sur la pointe de l’île. Le sentier des lanternes, mis en place par le Conseil départemental de la Moselle, devrait ouvrir demain. Voici deux semaines que nous assistons de loin à l’installation des jouets lanternes, et aux tests lumières. Enfin, je vais pouvoir tenir ma promesse d’y emmener ma fille !

Redescendue du Pont du côté du Jardin des thermes, j’emprunte le chemin piéton qui longe la Moselle, juste en face du Chemin des Corporations. Il passe sous les fenêtres de la salle de restaurant de l’Hôtel Ibis Cathédrale. La gourmande que je suis aime bien y venir petit-déjeuner, et déguster les madeleines et le fromage blanc recouvert de coulis de fruits rouges et éclats de spéculoos. Les enfants peuvent profiter d’un espace de jeux, tandis que les grands cherchent des yeux le héron qui a élu domicile sur le canal et admirent la façade de la synagogue sur l’autre rive. Il doit être 9h30 passés, dommage pour en profiter aujourd’hui.

Fin de course… à table, évidemment !
Mes cuisses se font sentir et une bouffée de chaleur m’est montée aux joues. Le sang fourmille dans tout mon corps, je sens comme du courant en moi. Dans cet état de mi-douleur mi-apaisement, je décide de m’arrêter là pour aujourd’hui et fais quelques pas. Je ne me sens pas très essoufflée, mais les muscles de ma cuisse tirent !
Lorsque je retrouve mon téléphone, il indique 9h44. En enlevant trois minutes d’escaliers et de marche de décompression à la fin du jogging, j’ai couru 20 minutes. Je suis tellement fière que j’envoie un message à ma mère. Pendant ma douche, elle me renvoie ses encouragements en retour et a la gentillesse de ne pas me préciser la durée de la course qu’elle a faite hier !
A présent, je pense au petit-déjeuner de récompense et à mes deux tâches principales de ce jour : m’inscrire à l’auto-école (et oui !) et sur les listes électorales. Mon miroir me signale que je suis écarlate et qu’il est prématuré d’aller faire mes photos d’identité maintenant. Qu’à cela ne tienne, j’irai manger d’abord ! J’élis L’Instant. Ce restaurant situé au 27 rue Taison sert encore un petit-déjeuner sucré – salé à dix heures passés et met à disposition son wifi. L’Instant café célèbre ses deux ans en ce 25 novembre. Je souhaite encore longue vie à cet endroit zen et généreux !


La course était courte, mais ce soir je me sens bien dans mes baskets. Je me suis remémoré de bons souvenirs, j’ai formulé de beaux projets, j’ai évacué mes tensions, et je suis même fière de moi. J’ai écrit d’une traite cet article ensuite, c’est bien la preuve que le sport a débouché mes chacras !
PS : je dois préciser honnêtement que la plupart des photos illustrant cet article n’ont pas été prises aujourd’hui pendant ma course, puisque mon appareil photo était resté au chaud. Mais je vous montre de jolies vues prises au cours de ces derniers mois, sous tous les temps et par toutes les saisons.
C’est terrible, tu me donnerai presque envie de te suivre……. en fait non, mais peut être pour l’Instant qui est un excellent choix !
C’est marron, moi aussi j’ai déménagé sur metz le février dernière et pareille mon choix à tombé sur le pontiffroy. J’ai tombé amoureuse de la vieu sur le pont, de la procheté de la centre ville. la commerce et la nature. Bref, c’est le quartier idéal!:)