Que voit-on du haut de la grande roue de Metz, de jour ou de nuit ? Si vous êtes sujets au vertige, profitez de cet article pour découvrir Metz d’en haut, sans avoir à monter dans ses hauteurs bien venteuses, ni braver le froid et la sensation de solitude que l’on traverse là-haut. Pour les amoureux de la hauteur, je vous conseille d’embarquer votre mobile connecté à adoptemetz.com dans votre cabine de la grande roue, car cet article vous offrira les explications sur tout ce que vous admirerez depuis les cieux messins !
Alors la Ville est-elle aussi belle d’en haut que d’en bas ?
Aussi belle de jour que de nuit ?
Montez dans la grande roue avec moi pour qu’on en discute !
Un vol d’est en ouest dans la grande roue de Metz
La grande roue de Metz s’élève en direction de la colline Sainte Croix, et redescend vers la Place de la République et le Mont Saint Quentin. Le sommet de la grande roue offre un point de vue rare sur la Place d’Armes – J-F Blondel, et au-delà sur le centre-ville, du plan d’eau à l’ouest à la Colline Sainte-Croix à l’est, et plus loin encore vers les différents quartiers de Metz et ses communes voisines. On profite d’un paysage tout en contrastes d’époques, de couleurs et d’architectures…
Embarquez dans la grande roue de Metz, et montons à la découverte de la ville et de ses cieux : la Place d’Armes d’abord, puis tous les quartiers jusqu’à son horizon de nature !
La grande roue monte en direction de la Colline Sainte Croix, survolant l’ancien corps de garde, devenu Office de tourisme…
… et elle redescend en direction du centre-ville et du plan d’eau, surplombant le parlement, devenu bâtiment de commerces et d’activités. Photo prise en décembre 2019.
La place est entourée de quatre monuments en Pierre jaune de Jaumont, et accueille les quatre grands pouvoirs symboliques à l’époque classique : l’Hôtel de Ville représentant le peuple, face à lui la Cathédrale Saint Etienne incarnant le pouvoir religieux, le Parlement représentant le pouvoir judiciaire (aujourd’hui bâtiment de commerces et de restaurants) et le Corps de Garde accueillant la force militaire, chargée de veiller sur les autres bâtiments (aujourd’hui siège de l’office du tourisme). Leurs toits d’ardoise bleue forment un premier cadre tracé autour de nous, qui apparaît à mesure que l’on s’élève dans les airs. De là haut, le point de vue sur les quatre monuments de la Place est extraordinaire ! C’est l’occasion de mieux les découvrir…
L’Hôtel de Ville et la Cathédrale Saint-Etienne de Metz photographiés depuis la grande roue en 2016.
Un salut au Maréchal Fabert
En nous élevant dans la grande roue, nous croisons d’abord le Maréchal Fabert. Imperturbable, il observe depuis son socle de pierre tous les événements de l’année : de l’élection de la Reine de la Mirabelle aux commémorations des armistices, le flot des touristes venant découvrir la Place et la Cathédrale, mais aussi les oeuvres de Constellations de Metz ou encore les Marchés de Noël. Né à Metz en 1599, le Maréchal de France Abraham Fabert s’est illustré pendant la Guerre de Trente ans. Cette guerre du XVIIème siècle a opposé Catholiques et Protestants d’Europe. Paradoxalement, la France faisait partie du camp protestant pour affaiblir son très puissant royaume voisin, l’Espagne catholique. C’est Bossuet, le grand archidiacre de Metz, qui avait prononcé au nom de la Ville le discours de félicitations lors de la remise du bâton de Maréchal de France à Fabert.
Fabert tourne le dos à l’Office du tourisme – agence d’attractivité Inspire Metz, dont le bâtiment est l’ancien corps de garde. Il abritait les soldats chargés de surveiller la Place d’Armes, l’Hôtel de Ville et le Parlement, situés dans les bâtiments voisins. Aujourd’hui, on ne peut en deviner la fonction militaire que si l’on regarde bien le fronton décoré d’armes et d’éléments d’armure. Fabert a également laissé son nom au lycée du quartier Saint-Marcel, où je vous emmènerai bientôt en visite sur le blog !
L’ancien Parlement
Puis la grande roue de Metz redescend vers la façade de l’ancien Parlement de Metz, construit à la fin du XVIIIème siècle en même temps que ses monuments voisins. Le Parlement avait des missions différentes des nôtres : le Parlement était la cour de justice régionale. Elle rendait justice au nom du roi en dernier ressort et transposait en droit local les ordonnances royales. A la Révolution, les anciens Parlements ont disparu et ont été remplacés par les juges. Le mot Parlement s’est alors appliqué aux chambres représentant les citoyens et chargés d’élaborer les lois. Mais les travaux du bâtiment sont restés inachevés. L’institution du Parlement de Metz a fusionné avec celle de Nancy, où elle est allée s’installer.
Ce bâtiment est aujourd’hui un immeuble de logements et de commerces, et le seul de la Place d’Armes à avoir pu être vendu à des particuliers.
L’Hôtel de Ville de Metz
En redescendant, on peut admirer à gauche l’Hôtel de ville. Sa façade s’étire sur 92 mètres de long. Sa magnifique Pierre de Jaumont est dorée et chauffée par les lumières de la grande roue. Sobre et régulière, la façade incarne l’architecture néoclassique typique du XVIIIème siècle.
La façade est rythmée par deux avancées couronnées de frontons sculptés. Du côté de l’ancien corps de garde, les sculptures représentent des drapeaux, lances et boucliers. Du côté du Parlement, il s’agit de la main de la justice, et de symboles de la vie civile : commerce et architecture.
Du côté de l’ancien corps de garde, les sculptures du fronton de l’Hôtel de ville de Metz représentent des drapeaux, lances et boucliers.
La spectaculaire Cathédrale Saint-Etienne de Metz
Mais la façade la plus spectaculaire est bien sûr celle de la Cathédrale Saint-Etienne.
Pendant la montée, le soleil projette les reflets des rayons de la grande roue sur la façade très régulière de la nef, longue de plus de 100 mètres et percée de plusieurs étages de vitraux de taille impressionnante !
La façade de la cathédrale est coupée en deux : à gauche de la Mutte, la pierre de Jaumont se dore au soleil dans sa teinte jaune la plus pure. À droite de la Mutte, elle est toute grise, et marquée à certains endroits de traces verdâtres de cuivre qui a coulé, ou encore couvertes de mousse. Les contours des statues sont plus floues. Depuis huit siècles, le temps a fait son œuvre !
Mais si vous faites le tour en grande roue la nuit, vous découvrirez cette façade grisâtre littéralement transfigurée par l’éclairage des vitraux !
Au faîte de la grande roue, nous nous trouvons à une altitude plus élevée que celle du toit de la cathédrale, et nous tutoyons le sommet de la Mutte. Ses cloches sonnent assez rarement, parce que ce sont des cloches municipales, qui servent dans les grandes occasions civiles, et non religieuses. La dernière fois qu’elle a sonné à la volée remonte à un siècle, en 1918, pour célébrer l’Armistice. Mais sa lourde cloche de 11 tonnes entraîne de fortes vibrations qui risquent de faire tomber le clocher, aussi la tour a -t-elle fait l’objet de travaux de consolidation dans les années 2010. Son mécanisme aurait inspiré les travaux de Léonard de Vinci : le dessin du mécanisme de la Mutte (datant des années 1480) a été retrouvé dans les carnets de croquis du génie italien datant des années 1490. Les liens de Metz au Moyen-Age auraient-ils pu être plus que commerciaux : technologiques et scientifiques ?
A 60 mètres au-dessus du sol, nous flottons dans le royaume des créatures célestes fantastiques de la cathédrale : les gargouilles, qui contemplent le paysage avec nous et s’invitent sur nos photos panorama !
Le toit de cuivre vert a une histoire incroyable, qui rappelle le dramatique épisode de l’incendie de Notre-Dame de Paris en avril dernier. Un soir de 1877, à l’issue du feu d’artifice tiré en l’honneur de la venue à Metz de l’empereur Guillaume II, le toit de la cathédrale Saint-Etienne a pris feu. Il a été reconstruit aux frais de l’empire allemand sous la forme triangulaire qu’on lui connaît aujourd’hui, et le cuivre a remplacé le bois. Ce toit avait créé la polémique car il était plus haut que le précédent, ce qui semblait altérer la hauteur de la Mutte.
De là-haut, nous pouvons admirer les anges radieux posés sur le toit de la chapelle Notre Dame de la Ronde. En réalité, cette chapelle était d’abord le chevet de la petite église Notre Dame de la Ronde, édifiée au XIIIème siècle, à laquelle fut adjointe la nef. La grande roue surplombe l’autre chapelle accolée à la face sud de la nef : la chapelle du Saint Sacrement, qui se trouve en travaux de restauration à l’heure où j’écris. Cette chapelle est une merveille à contempler la nuit de l’extérieur, car on peut admirer depuis la place d’Armes les vitraux chatoyants de Jacques Villon.
Lentement, la grande roue de Noël est montée, sans à-coups, presque sans bruit, à part le grincement régulier de son énorme machinerie. Là haut, je me sens tellement seule que je n’ose jamais y monter sans compagnie. Mais je découvre le vaste paysage au-delà de la Place d’Armes…
A chaque quartier de Metz, son époque
Une fois arrivé là-haut, on a l’impression de se retrouver dans une roue à remonter le temps. Le panorama nous permet d’observer toutes les architectures qui se sont successivement déployées à Metz, et qui forment un patchwork de formes et d’époques.
A nos pieds s’étend la Metz médiévale aux rues étroites, sous un tapis de toits en tuiles rouges et d’ardoises bleues, harmonieux avec les façades jaunes en Pierre de Jaumont. Plus loin, les grands ensembles, bâtiments ultra massifs gris ou blancs.
Les cours cachées de l’Hôtel de Ville
D’un côté, la vue reste bloquée sur la façade de la cathédrale. Mais cette façade mérite bien qu’on passe un tour entier de grande roue à l’observer dans ses moindres détails, notamment les riches sculptures de la tour de La Mutte qui date du XVème siècle, et le Portail de la Vierge qui date du tout début du XXème siècle ! De l’autre côté, en regardant vers l’hôtel de ville, on découvre que celui-ci a plusieurs cours arrière, qui demeurent invisibles lorsqu’on longe habituellement les hauts murs de la rue de la Princerie.
Vers le Pontiffroy, et au-delà
Derrière la cathédrale, on peut suivre des yeux la longue ligne de la rue des jardins qui plonge littéralement dans le grand ensemble du Pontiffroy, érigé au cours des années 1960.
La Moselle et l’ile du Petit Saulcy, avec à son bout le sentier des lanternes sous les arbres du jardin de la Pointe Fabert, séparent les toits rouges du pied de la Colline Sainte-Croix, du quartier du Pontiffroy et ses centaines de fenêtres.
A l’origine, les façades jaunes et les toits rouges s’étendaient de part et d’autre de la Moselle, jusqu’à ce que le « Maire bâtisseur » Raymond Mondon ne décide de raser le vieux quartier vétuste, pour y élever un grand ensemble d’immeubles de logements et de bâtiments administratifs. Il ne reste du quartier précédent que l’abbaye et l’église Saint Clément (dont on aperçoit la rosace juste derrière la cathédrale sur la photo ci-dessous) et l’hôtel de police au bord de la Moselle.
Au-delà s’élèvent les cheminées de la centrale biomasse et de l’usine de traitement des déchets, les silos et bâtiments de stockage du port de Metz. Au fin fond de l’horizon, si le temps est très clair, on distingue les cheminées de la centrale nucléaire de Cattenom.
La Colline Sainte Croix, un patchwork d’architectures et d’époques
A la même période, de l’autre côté de la rue des Jardins, a surgi la cité administrative, un énorme bloc qui relie l’Hôtel de Ville à la Colline Sainte-Croix. Cette cité fait d’ailleurs partie des 40 cités administratives françaises qui vont faire l’objet de travaux de rénovation dans les prochaines années, dans le cadre d’un grand plan d’investissements lancé fin 2019 par le Gouvernement.
A côté de la Cité administrative, d’autres grosses masses carrées construites à différentes époques recouvrent totalement la Colline Sainte Croix : le collège Taison, la résidence Morlanne (ancien couvent et maternité reconverti en logements), l’ensemble scolaire La Miséricorde. Plus loin derrière eux, la nuit on voit briller les barres d’immeuble de Bellecroix et Borny.
Vers les quartiers Outre Seille et Amphithéâtre
En continuant son tour vers l’ouest, le regard survole les toits rouges et bleus du quartier Outre Seille et va buter sur les hautes tours Coislin. C’est le même contraste qu’au Pontiffroy : à côté, ou même en plein milieu des vieux quartiers de Metz, des tours massives ont été érigées durant les Trente Glorieuses. Certes, ces nouveautés très modernes répondaient aux nécessités démographiques, urbaines et économiques de l’époque. Mais elles ont aussi suscité un sentiment de rejet, qui a nourri les réflexions de quelques Messins comme Jean-Marie Pelt et Roger Klaine sur l’écologie urbaine, dont je vous avais parlé dans cet article.
Le Centre Saint-Jacques et le Centre Pompidou-Metz dans leurs habits de lumière, photographiés de jour et de nuit, depuis la grande roue de Metz
Poursuivant son survol de la ville d’est en ouest, le regard dévale les pentes du toit du Centre Pompidou-Metz, saute par-dessus les grues du quartier de l’amphithéâtre, surfe sur les longues façades des Galeries Lafayette (aux allures de bunker !) et du tribunal de grande instance et son voici l’abbaye de Saint Arnould, reconnaissable à sa tour d’observation qui surplombe le plan d’eau, et que nous avions visité ici. Suivant la trajectoire de la grande roue, notre regard plonge enfin dans le plan d’eau avant de revenir vers la cathédrale en passant par le Marché couvert.
Durant le parcours, on aura pu être frappé par les contrastes de forme entre les clochers : les deux clochers pointus de l’église Sainte Ségolène et le clocher d’un blanc graphique et immaculé de la tour de la Miséricorde, le clocher massif de la gare de Metz et celui élancé de l’église Saint Martin.
Les façades des deux musées de la ville reflètent également lors deux identités différentes : la forme classique de l’entrée du Musée de la Cour d’Or, et la forme audacieuse mât du Centre Pompidou-Metz. Celui-ci ressemble à un gros flocon blanc, cerné peu à peu par de nouveaux grands bâtiments. A la nuit tombée, sa voile blanche se distingue de mieux en mieux dans le paysage car la lumière l’illumine de l’intérieur. Son maillage en bois, bien aligné comme celui d’une ruche, transparaît à travers la voile.
La nuit, les reflets de la grande roue de Metz dans les vitrines des cabines forment des clichés absolument incroyables.
Après quatre tours dans la grande roue de Metz, quatre tours de découvertes, d’observations, de photos, de sensations, il est temps de redescendre sur les pavés de la place d’Armes. Les petits chalets illuminés et colorés forment un adorable petit village, où churros et vin chaud nous attendent pour nous réconforter. L’office du tourisme est juste au pied de la grande roue, si vous souhaitez prolonger et approfondir la découverte de Metz par une visite guidée à pied, ou avec un beau livre !
D’autres vues de Metz depuis le ciel
Si vous aimez voir Metz depuis le ciel, je vous propose de monter en montgolfière avec moi, dans cet article ! Là, nous verrons Metz depuis le plan d’eau, et survolerons la campagne de la Moselle ouest jusqu’à Frescaty.
Merci d’avoir voyagé avec moi dans la grande roue de Metz !